Voici le retour de Sophie Ayache spécialiste Grands Piafs au Parateam, et Adrien Lambert spécialiste LPO Isère, suite à l’attaque d’aigle sur un pilote Suisse :
Bonjour à tous,
Quelques mots en réaction à l’expérience vécue par le pilote Suisse Mathieu Thurner suite à une attaque à priori d’Aigle royal produite ce début de semaine (mi avril 2018) au-dessus de Bex, en Suisse.
Malheureuse expérience que nous ne souhaitons à personne, et souhaitons un humble rétablissement au pilote Mat. Thurner. Les rapaces sont des redoutables chasseurs armés de griffes robustes, puissantes, lacérantes, recourbées et pointues qu’ils utilisent pour capturer, tuer et transporter. A savoir que leur humeur, comportement (évolutif) et réaction peuvent être très différents d’un individu à l’autre de la même espèce, ne généralisons donc pas une relation vécue. Aussi admiratifs que nous sommes en les voyant planer et enrouler 10 fois mieux que nous, autant dire qu’il ne vaut mieux pas être leur ennemi ou pire, leur proie ! Soyons attentifs aux signes de dérangements (vol en feston, en Z, en piqué).
Même si ces attaques frontales arrivent très rarement, on se demande tous comment réagir ? Que faire si ça nous arrivait? Ben, pas grand-chose en fait, mieux vaut éviter de se retrouver dans cette galère effrayante, douloureuse, et dangereuse ! Mat. Thurner a usé de sa voix pour s’en défaire, et certainement que ça a joué pour le lâcher prise ; car une fois la prise faite par le rapace, on ne peut qu’imaginer le pire ! Des fois, il vaut mieux sacrifier un membre en se laissant choper un bras ou une jambe et finir avec des points de suture plutôt que de le laisser atteindre nos organes vitaux. Grâce à notre casque, la tête est bien protégée. Bref, sortons de ce tableau dramatico-tragique et retenons qu’il vaut mieux éviter de les provoquer !
Voici quelques petits conseils ou rappels pour éviter ce genre d’accident en cette période printanière favorable au vol libre, qui remplit donc bien le ciel, mais aussi sensible à ces oiseaux en pleine période de nidification (n’oublions pas que nous partageons cet espace, cet e sont nous les plus intrusifs !) :
– quand vous préparez vos vols, renseignez-vous sur la localisation des aires de nidification. Le département Isère, avec le Parc de Chartreuse, la LPO 38 et le CODEVOLI ont édité une carte du massif avec les aires, les brises, les thermiques des espèces les plus couramment rencontrées. Disponibles en ligne et peut être il en reste à l’école PREVOL de st Hilaire (sinon j’irai leur en apporter, elles sont gratuites).
Beaucoup de sites sont aussi équipés de panneaux d’informations aux attéros et décos qui présentent les zones et périodes de survol à éviter, prenez le temps de vous informer.
Pour les cross, c’est un peu comme les zones aériennes règlementées, il faut aussi repérer les zones sensibles de son potentiel parcours. Des discussions entre la FFVL et la LPO sont en cours pour trouver une solution technique permettant de transmettre les informations sur la présence des rapaces directement sur les sites de la FFVL ou via les fichiers Open Air … patience option à venir….
– en connaissance des aires de nidification, si vous n’avez pas d’autres choix que de les traverser, contentez-vous de les traverser qu’une seule fois, faites du gain avant et après l’aire, mais surtout pas l’essuie-glace en plein dans la zone (faut avouer que pour l’Aigle royal un seul passage suffit à l’énerver !);
– le mieux si vous le pouvez est de préserver la bulle de quiétude de la femelle qui couve en déviant notre trajectoire de vol de 300m autour de l’aire à niveau égal. Sinon, passez franchement au-dessus ou au-dessous.
Des LPO départementales doivent pouvoir nous renseigner sur la présence et la répartition de ces aires. Les contacter. D’ailleurs pour information, après la Savoie avec le Parc Naturel Régional des Bauges, c’est au tour de l’Isère que la LPO s’associe au Parc Naturel Régional de Chartreuse en mettant en place depuis quelques années une démarche coopérative, Biodiv’Sports, qui vise à informer et accompagner les pratiquants des sports de pleine nature à la prise en compte de la biodiversité dans leur pratique, selon 3 objectifs principaux : Travail en coopération, partage de l’espace, sans cadre règlementaire pénalisant.
Sinon, contacter les locaux des sites, clubs, écoles, ils pourront surement vous renseigner des aires connues.
Pour finir, avec le CODEVOLI et la LPO Isère, nous avons organisé dimanche dernier 15/4 (compte rendu à venir) une journée de rencontres libéristes/ naturalistes à st Hilaire qui a permis d’apporter ou de rappeler les connaissances, de répondre à bon nombre d’interrogations, débattre sur des conflits d’intérêts, et surtout partager nos connaissances des oiseaux et de la pratique du vol libre en vol biplace, dans une ambiance très conviviale, comme le veut la démarche Biodiv’Sports. Journée d’échanges qui a été grandement appréciée par les participants de plusieurs clubs de l’Isère et qui reverra le jour espérons-le, tous les printemps, et tous les pilotes sont les bienvenus (surtout les bi-placeurs 😉
Pour conclure, n’hésitez pas à diffuser l’info dans les clubs locaux quand un rapace agressif est signalé et n’ayez pas peur de vous rapprocher des parcs ou assos naturalistes pour mener ce genre de démarche de concertation qui permettent de prévenir ce genre de situation et de former les pilotes à la reconnaissance des oiseaux et signes de dérangement. Ou si vous voulez tout simplement partager vos observations, vous avez deux référents en Isère :
-Sophie Ayache spécialiste Grands Piafs au Parateam asophie.ayache@gamil.com
– Adrien Lambert spécialiste LPO Isère adrien.lambert@lpo.fr
Bon vols à tous
Sophie et Adrien
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Lien Facebook : Mathieu THURNER
https://www.facebook.com/mathieu.thuner/posts/415134435558631
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ATTAQUÉ PAR UN AIGLE EN PLEIN VOL –
Au-dessus de Bex (Suisse-VD), Les Verneys,
précisément entre Les Lués et le Châtillon, à 1900m d’altitude.
Il a subitement… foncé contre moi et s’est accroché à la sellette de mon parapente. Une de ses pattes s’est agrippée à la poignée de mon parachute de secours et il s’en est manqué de peu qu’il le tire. Je mettais ma main sur la poignée, juste devant lui, pour empêcher que ça se produise.
Criant de toutes mes forces, il est alors parti un instant pour revenir de plus belle, cette fois-ci en plantant ses serres dans ma main droite. J’avais beau hurler et bouger ma main aussi fort que possible, rien n’y faisait. Seules les douleurs étaient plus vives.
Après un bon moment, le voici reparti. Il volait maintenant juste derrière moi à 1 ou 2 mètres je pense. J’osais à peine tourner la tête pour le voir, terrifié par l’idée d’une prochaine attaque. Elle n’a pas manqué. L’aigle est à nouveau venu planter ses armes acérées dans ma main gauche, puis mon épaule et enfin mon avant-bras. Il est resté ainsi d’interminables minutes.
Je ne bronchais plus, redoutant avec angoisse d’autres perforations ou alors une agression avec son bec, au visage, ou je ne sais où. Je cherchais à éviter de croiser son regard. Il ne bougeait pas, tenant simplement « sa proie », dorénavant résignée. Je ne me souviens pas avoir éprouvé un tel sentiment d’impuissance jusqu’à ce jour.
Tentant néanmoins de piloter au mieux mon aile pour qu’elle ne se ferme pas dans cette aérologie musclée, chaque mouvement de bras était alourdi par le poids conséquent de mon prédateur. Mon avant-bras était comme pris dans un étau d’aiguilles sans pitié, et s’engourdissait. Je ne savais pas si j’étais en train de perdre beaucoup de sang ou non.
Honnêtement je priais maintenant avec une telle ferveur pour que ce rapace m’abandonne. Ça devait bien faire 4 ou 5 minutes que ce cauchemar durait.. J’avais déjà dépassé Bex et me dirigeais en ligne droite vers Villy-Ollon en plaine.
Il me lâcha. J’attendis, ne sachant s’il allait tenter une nième offensive. Il ne revint pas. J’osai alors appeler un ami que je trouvais peu après mon atterrissage, juste heureux d’être entier.
Je passerai en tout 4h30 aux urgences, à l’hôpital de Monthey, où le médecin explorera « malheureusement » chaque plaie et son outil de mesure s’enfuira de 5cm dans les plus profondes.
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Loin de moi l’idée de verser dans le dramatisme. Mon souhait serait juste qu’aucun « confrère-parapentiste » ne vive une telle merde, autant que j’aimerais ne jamais la revivre.